(LEAD) Décès de Kim Bok-dong, symbole des victimes de l'esclavage sexuel

Le président Moon Jae-in rend hommage à une ancienne esclave sexuelle de l'armée japonaise, Kim Bok-dong, le mardi 29 janvier 2019, devant la chapelle ardente installée à l'hôpital Severance de l'université Yonsei à Seodaemun, dans l'ouest de Séoul.
SEOUL, 29 jan. (Yonhap) -- Le gouvernement a pleuré ce mardi la mort de Kim Bok-dong, victime sud-coréenne de l'esclavage sexuel de l'armée impériale japonaise connue pour ses efforts destinés à sensibiliser le public à la question.
Kim s'est éteinte hier à 22h41 à l'hôpital Severance de l'université Yonsei, dans l'ouest de Séoul, à l'âge de 93 ans, a fait savoir le Conseil coréen des femmes de réconfort.
«Il est regrettable que Kim Bok-dong, qui a profondément souffert en tant que victime du système de femmes de réconfort de l'armée japonaise, soit décédée», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Noh Kyu-duk, lors d'un point de presse. «(Nous) prions pour le repos de son âme.»
Des centaines de personnes se sont déjà rendues dans la chapelle ardente installée à l'hôpital Severance pour rendre un dernier hommage à la défunte. Parmi eux figurait aussi le président Moon Jae-in qui a écrit dans le registre de condoléances : «Envolez-vous comme un papillon.»
Il n'a fait aucun commentaire mais sa visite est largement perçue comme un appel en direction du Japon pour que ce dernier présente des excuses pour ses méfaits du passé.
Le décès de Kim fait passer à 23 le nombre officiel de victimes encore en vie dans le pays. Il s'agissait de la deuxième disparition d'une victime de l'esclavage sexuel le même jour après celle d'une autre ancienne esclave sexuelle le matin.
«Ses derniers mots ont été : "Luttez jusqu'à ce que la question des femmes de réconfort soit résolue. Continuez à soutenir les jeunes d'origine coréenne au Japon en mon nom"», a rapporté Yoon Mi-hyang, la présidente du conseil.
«Il y a eu aussi un cri de colère (contre le gouvernement japonais) avant qu'elle ne pousse son dernier souffle», a ajouté Yoon.
«Kim a été le symbole des nombreuses victimes de l'esclavage sexuel et une défenseur des droits de l'Homme et de la paix qui a réclamé sans cesse des excuses sincères et des indemnisations correctes de la part du Japon», a souligné hier le conseil.
Née en 1926 à Yangsan, dans la province du Gyeongsang du Sud, Kim a été réquisitionnée par l'armée impériale japonaise en 1940 à l'âge de 14 ans et contrainte à la servitude sexuelle dans des bordels japonais en première ligne en Chine, à Hongkong, en Malaisie, en Indonésie et à Singapour pendant la Deuxième Guerre mondiale.
En 1992, elle s'est engagée dans le combat de la défense des droits des femmes après avoir révélé les atrocités dont elle a été elle-même victime en tant que «femme de réconfort». Elle a témoigné lors de la première réunion de la solidarité de l'Asie en vue de résoudre le problème des «femmes de réconfort» de l'armée impériale japonaise en août de la même année.
Kim a également participé à la conférence mondiale des droits de l'Homme de 1993 à Vienne, en Autriche, avant de continuer de témoigner partout dans le monde.
«En tant que victime de l'esclavage sexuel de l'armée japonaise, je continue à mener le combat pour la restauration de notre honneur et de nos droits humains devant l'ambassade du Japon (en Corée du Sud) et je sais trop bien combien souffrent aujourd'hui les femmes qui subissent des violences sexuelles en temps de guerre comme nous aux quatre coins du monde», avait-elle déclaré lors d'une conférence de presse donnée le 8 mars 2012. «J'aimerais aider ces femmes», avait-elle ajouté.
Kim a en outre multiplié ses déplacements au Conseil des droits de l'Homme des Nations unies et dans plusieurs pays comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Norvège et le Japon afin de mener campagne pour «un monde sans guerre» et «un monde qui ne produit pas de victimes des violences sexuelles en temps de guerre».
En septembre dernier, elle a aussi manifesté devant le ministère des Affaires étrangères à Séoul pour appeler à la dissolution de la Fondation pour la réconciliation et la guérison créée suite à l'accord conclu en 2015 entre Séoul et Tokyo sans le consentement des victimes.
lsr@yna.co.kr
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