Séoul va relancer sa plainte auprès de l'OMC sur les restrictions d'exportation de Tokyo
SEJONG, 02 juin (Yonhap) -- La Corée du Sud a déclaré ce mardi qu'elle relancerait la procédure de plainte auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les restrictions à l'exportation du Japon en application depuis l'année dernière, perturbant davantage les relations bilatérales qui sont déjà tendues.
Séoul a suspendu temporairement sa plainte auprès de l'OMC contre les restrictions commerciales de Tokyo en novembre 2019 en signe de bonne volonté pour chercher une percée dans le conflit commercial qui a commencé par la brusque interdiction d'exportations de matériaux essentiels du Japon vers la Corée du Sud.
Les trois matériaux industriels en question, qui sont essentiels pour les industries des puces mémoire et des écrans, sont la résine photosensible, le gaz de gravure et le polyimide fluoré.
En retirant la Corée du Sud de sa liste des partenaires commerciaux de confiance, le Japon a dénoncé que Séoul ne contrôlait pas assez rigoureusement le commerce de matériaux sensibles susceptibles d'être détournés à des fins militaires.
En réponse, Séoul a retiré le Japon de sa liste des partenaires commerciaux de confiance, mais plus tard la Corée du Sud a reporté la résiliation de l'Accord de sécurité générale d'informations militaires (GSOMIA).
En mai, Séoul a renouvelé son appel pour que Tokyo lève ses restrictions commerciales contre son pays voisin d'ici à la fin du mois en cours, en exhortant le Japon à faire des efforts conjoints pour surmonter les retombées économiques de la pandémie de nouveau coronavirus (Covid-19).
Malgré ces demandes, le Japon n'a pas donné de réponse claire jusqu'à la date limite de dimanche.
La Corée du Sud a dit avoir reçu une réponse de la part du Japon sur la demande du mois dernier, mais a laissé entendre qu'elle «n'a pas répondu aux attentes» sans fournir plus de détails.
«Le Japon n'a pas montré sa volonté de régler la dispute et aucun progrès n'a été réalisé», a déclaré Na Seung-sik, un officiel du ministère du Commerce, de l'Industrie et de l'Energie.
«Nous sommes arrivés à la conclusion que nous ne pouvons pas procéder à des négociations normales (avec le Japon), qui étaient la condition pour une suspension de la procédure de plainte auprès de l'OMC», a indiqué l'officiel. «Par conséquent, nous reprendrons la procédure de règlement des différends auprès de l'OMC sur le contrôle des exportations (du Japon) de trois produits.»
Dans le cadre de la décision, la Corée du Sud projette de demander à l'OMC la mise en place d'un panel de règlement du conflit commercial avec le Japon.
La procédure à l'OMC durera plus d'un an bien qu'elle dépende des progrès effectués, selon le ministère.
La Corée du Sud a indiqué que le processus de règlement des différends à l'OMC visait à éviter les incertitudes sur les chaînes d'approvisionnement mondiales pour les entreprises des deux nations et à «prouver l'illégalité et l'injustice» des actions du Japon.
La Corée du Sud considère les restrictions commerciales japonaises comme des représailles contre des verdicts de la Cour suprême sud-coréenne qui a ordonné à des entreprises japonaises de fournir une compensation à des victimes coréennes du travail forcé pratiqué par le Japon pendant sa colonisation de la péninsule coréenne (1910-1945).
Tokyo a partiellement levé les restrictions d'exportation concernant la résine photosensible à l'approche du sommet en décembre dernier. Mais depuis, aucun autre progrès n'a été réalisé.
Le conflit commercial a causé plus de dommages aux exportations de Tokyo que l'inverse. Les exportations sud-coréennes vers le Japon ont baissé de 6,9% à 28 milliards de dollars en 2019 par rapport à l'année précédente. Les importations en provenance du Japon ont quant à elles diminué de 12,9% à 47 milliards de dollars.
Un nombre croissant de Sud-Coréens ont boycotté les produits japonais après l'imposition de restrictions d'exportation par Tokyo.
Les importations sud-coréennes de biens de consommation ont baissé de 37,2% en avril par rapport à l'année dernière à 249,6 millions de dollars.
Les importations de bières japonaises ont chuté de 87,8% durant la période citée, ont montré des données. La Corée du Sud était le plus grand importateur de bières japonaises jusqu'en 2018.
Pour la Corée du Sud, cependant, retirer toute sorte de barrières commerciales est crucial alors que l'économie dépendant des exportations lutte pour surmonter la pandémie.
La suspension des activités commerciales et des voyages à l'étranger, causée par la pandémie de Covid-19, a déjà pesé lourdement sur les exportations. Les expéditions vers l'étranger de la Corée du Sud ont baissé pour le troisième mois consécutif, en dégringolant de 23,7% en glissement annuel en mai.
Alors que la pandémie détériore davantage la confiance diplomatique entre les deux nations, Séoul et Tokyo sont loin de trouver un terrain d'entente dans un proche avenir.
Tokyo a décidé de suspendre son programme d'entrée sans visa pour les Sud-Coréens durant les premières étapes de la pandémie de Covid-19 et, en réponse, Séoul a également suspendu son propre programme d'exemption de visa pour les Japonais.
La semaine dernière, Tokyo a décidé de maintenir cette suspension jusqu'à au moins la fin du mois de juin.
rainmaker0220@yna.co.kr
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