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La France partage son expérience et son savoir-faire dans la gestion des déchets radioactifs

Actualités 03.06.2021 à 09h26
L'ambassadeur de France en Corée du Sud, Philippe Lefort (au c.), et Cha Sung-soo, président de l'Agence coréenne des déchets nucléaires (KORAD) (à g.) lors d'une conférence de presse sur la gestion des déchets nucléaires en France organisée le 2 juin 2021 à la résidence de France à Séoul.

L'ambassadeur de France en Corée du Sud, Philippe Lefort (au c.), et Cha Sung-soo, président de l'Agence coréenne des déchets nucléaires (KORAD) (à g.) lors d'une conférence de presse sur la gestion des déchets nucléaires en France organisée le 2 juin 2021 à la résidence de France à Séoul.

Un journaliste pose des questions lors d'une conférence de presse sur la gestion des déchets nucléaires en France organisée à la résidence de France à Séoul le 2 juin 2021.

Un journaliste pose des questions lors d'une conférence de presse sur la gestion des déchets nucléaires en France organisée à la résidence de France à Séoul le 2 juin 2021.

Daniel Delort de l' l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) répond à la question d'un journaliste lors d'une conférence de presse sur la gestion des déchets nucléaires en France organisée à la résidence de France à Séoul le 2 juin 2021.

Daniel Delort de l' l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) répond à la question d'un journaliste lors d'une conférence de presse sur la gestion des déchets nucléaires en France organisée à la résidence de France à Séoul le 2 juin 2021.

Philippe Hatron d'Orano participe en visioconférence à une conférence de presse sur la gestion des déchets nucléaires en France organisée à la résidence de France à Séoul le 2 juin 2021.

Philippe Hatron d'Orano participe en visioconférence à une conférence de presse sur la gestion des déchets nucléaires en France organisée à la résidence de France à Séoul le 2 juin 2021.

SEOUL, 03 juin (Yonhap) -- L'ambassade de France en Corée du Sud a organisé mercredi une conférence de presse pour présenter les stratégies et solutions industrielles françaises pour une gestion «pérenne, durable et responsable» des déchets nucléaires, qui s'appuient sur la combinaison du retraitement et de l'enfouissement profond.

Cet événement a vu la participation en visioconférence de responsables de principaux acteurs de la filière nucléaire française : Pascal Chaix du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), Daniel Delort de l' l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA), Philippe Hatron d'Orano et Vincent Dufour d'EDF Japon. Cha Sung-soo, président de l'Agence coréenne des déchets nucléaires (KORAD) a été également présent pour faire part de son expérience de collaboration avec des entreprises françaises.

«Nous avons besoin de traiter de manières sérieuse et écologique la question des résidus radioactifs produits par la production d'électricité dans les centrales nucléaires», que l'énergie nucléaire soit considérée comme une énergie de transition ou une énergie d'avenir à développer, a déclaré l'ambassadeur de France en Corée du Sud, Philippe Lefort.

La Corée du Sud et la France sont toutes les deux fortement dépendantes de l'énergie nucléaire pour la production d'électricité. L'Hexagone compte aujourd'hui 56 réacteurs nucléaires qui assurent près de 70% de sa production d'électricité alors que le pays du Matin-Clair exploite 24 réacteurs nucléaires qui fournissent environ 26% de sa production totale.

Ces dernières années, la Corée du Sud a fermé définitivement ses deux plus vieux réacteurs, Kori-1 (2017) et Wolsong-1 (2019), dans le cadre de sa feuille de route pour la transition énergétique qui prévoit aussi l'arrêt définitif de 12 autres réacteurs jusqu'en 2028. Elle devra donc lancer dans les années à venir un long processus de démantèlement. De plus, les combustibles usés sont stockés provisoirement dans les centrales nucléaires mais les capacités de stockage arriveront bientôt à saturation. Il est donc urgent pour la Corée de trouver une solution à la question des déchets radioactifs.

La France, puissance nucléaire mondiale, possède «la seule technologie de traitement et recyclage qui soit industriellement prouvée dans le monde», a souligné Hatron d'Orano, société française spécialisée dans les métiers du combustible nucléaire, de l'amont à l'aval du cycle du combustible.

Le retraitement des combustibles nucléaires usés consiste à extraire le plutonium et à le transformer pour en faire un nouveau combustible, le Mox. Depuis près d'un demi-siècle, Orano utilise dans son usine de La Hague (Normandie) cette technologie permettant de réduire le volume des résidus ultimes par 5 et la toxicité par 10, selon l'ambassade.

«C'est un bel exemple d'économie circulaire puisque 96% des combustibles usés sont recyclables par cette technologie, donc seuls 4% forment des résidus qui doivent faire l'objet d'une vitrification», a expliqué Hatron.

«Sur 96% des matières recyclables, 95% c'est de l'uranium de retraitement, 1% c'est du plutonium qui est donc recyclable sous forme de combustible de retraitement. En France, cela permet d'économiser 800 tonnes d'uranium naturel par an grâce simplement à la réutilisation de plutonium qui vient de l'activité de traitement et recyclage», a-t-il poursuivi en ajoutant qu'un gramme d'uranium représente la même valeur énergétique d'une tonne de pétrole.

Cela dit, il est interdit pour la Corée du Sud de retraiter ses déchets nucléaires pour en extraire du plutonium en vertu d'un accord sur l'utilisation civile de l'énergie nucléaire signé avec les Etats-Unis même si sa révision en 2015 a assoupli une partie des restrictions pour la recherche et développement.

A propos de la technologie de retraitement dit «pyroprocessing» sur laquelle la Corée du Sud espère miser dans le futur pour retraiter les combustibles usés de ses réacteurs de nouvelle génération, l'expert français a dit qu'il s'agissait d'un type de recherche et développement qui n'a pas fait l'objet d'un développement industriel.

Hatron a proposé la possibilité de traiter et recycler les combustibles usés en France comme l'ont fait par le passé un grand nombre de pays comme l'Allemagne, la Belgique, le Japon, les Pays-Bas, l'Australie et la Suisse.

A la question de savoir si le retraitement serait avantageux sur le plan économique compte tenu de tous les coûts liés au processus et à la logistique, il a répondu, en citant une étude réalisée au début des années 2000, que l'équation économique était à peu près équivalent quand on compare le cycle fermé, le traitement et le recyclage, au cycle ouvert qui est l'entreposage des combustibles sans traitement et recyclage.

Cela dit, le traitement et le recyclage permettent d'éliminer les risques dans le futur et de présenter ainsi une «vision claire et nette de la filière des résidus» alors que le cycle ouvert représente un «pari sur l'avenir» car on ne sait pas comment seront traités ces combustibles dans le futur.

Ce point est fondamental dans la question de l'acceptabilité du public. «Quand on est capable de dire à la population que nous avons à disposition une solution pour ces résidus ultimes, qui soit pérenne, responsable et sûre, on est beaucoup plus crédible que quand on est dans un discours où on ne sait pas ce que sera l'avenir pour ces combustibles dans l'option modèle ouvert», a-t-il noté.

Le deuxième pilier de la solution française de gestion des déchets radioactifs repose sur l'enfouissement. L'ANDRA mène le projet Cigéo (Centre industriel de stockage géologique pour les déchets) destiné à construire une installation de stockage des déchets nucléaires de haute activité et moyenne activité à vie longue à 500 mètres de profondeur, sur une surface de 15 kilomètres carrés et dans des couches géologiques stables. Après la fermeture de l'installation, les éléments radioactifs resteront piégés pendant plusieurs centaines de milliers d'années, sur le long terme, quel que soit le scénario, l'impact sur l'environnement restera bien inférieur à la radioactivité naturelle, selon le communiqué de l'ambassade de France.

La Corée du Sud dispose depuis 2015 d'un dépôt de déchets de faible et moyenne activités situé à Gyeongju, dans le sud-est du pays, et exploité par la KORAD. Pour les déchets de haute activité, elle envisage de construire une installation de stockage géologique dans des couches granitiques. Comme cela était le cas lors du projet de construction du dépôt de déchets de faible et moyenne activités, il reste un long chemin à faire pour choisir déjà un site.

Delort a partagé l'expérience de l'ANDRA qui est l'un des pionniers avec ses homologues suédois et finlandais sur cette question. Il a notamment mis l'accent sur l'importance de la communication avec les habitants de la région pour améliorer l'acceptabilité du projet auprès du public. «La question de l'acceptabilité est très sensible en Corée», a aussi noté l'ambassadeur.

Depuis le début du projet Cigéo, basé sur un appel au volontariat, l'ANDRA est présent à Bure, dans la Meuse, où se trouvera le futur centre, maintient un dialogue et une communication avec les habitants de la région et a mis en place un programme de concertation de travail avec les habitants autour du site pour préparer l'arrivée du projet, a-t-il dit. «L'arrivée de ce projet sur un site assez isolé va avoir un impact sur le territoire. Il y a des questions qui sont tout à fait légitimes auxquelles il faut apporter des réponses», a-t-il ajouté.

Il a également souligné la nécessité du temps pour gagner la confiance du public. «La confiance se gagne progressivement. Il faut passer du temps au dialogue avec les gens et construire cette confiance au jour le jour.»

Delort a par ailleurs noté les bénéfices économiques que le projet Cigéo pourrait apporter dans les communautés autour du site comme la création de 2.000 emplois directs, une relance d'activité industrielle dans cette zone isolée et d'importants revenus fiscaux.

En guise de conclusion, Cha de la KORAD a souligné que la Corée du Sud pourrait trouver une piste de solution en étudiant l'expérience de la France qui assure l'ensemble du cycle nucléaire même si toutes ses expériences ne sont pas applicables à la Corée à cause des conditions différentes dans les deux pays.

«La Corée du Sud peut avoir une vision légèrement différente de celle de la France sur l'énergie nucléaire alors qu'elle l'utilise de manière très restrictive à des fins pacifiques à cause de sa situation géopolitique particulière et il y a eu donc des débats sur l'orientation future. Malgré tout cela, les déchets radioactifs ont été déjà produits et nous devons résoudre cette question quelle que soit l'orientation future. La position de la KORAD est de ne pas laisser à nos prochaines générations la charge de ce que nous avons utilisé», a-t-il déclaré en ajoutant que la conférence a été une occasion précieuse pour explorer les domaines dans lesquels la Corée et la France peuvent coopérer.

lsr@yna.co.kr

(FIN)

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