A Séoul, Mona Chollet, auteure de «Sorcières», prône le féminisme modéré

SEOUL, 06 nov. (Yonhap) -- La journaliste et l'écrivaine française de l'essai «Sorcières : La puissance invaincue des femmes» (2018, Editions La Découverte), Mona Chollet, est venue en Corée du Sud le 2 novembre dernier pour trois rencontres et dédicaces et trois conférences à l'invitation du service culturel de l'ambassade de France en Corée.

Il s'agit de sa première visite au pays du Matin-Clair mais ces dédicaces et rencontres avec des lecteurs étrangers ne sont pas si fréquents pour elle puisqu'elle exerce le métier de journaliste au Monde diplomatique, selon ses explications dans une interview accordée à Yonhap le lendemain de son arrivée.

Hier, au dernier jour d'une série de rencontres et dédicaces, Chollet a rencontré des lecteurs coréens incluant les membres du club de livres Sojeonseolim, dans le quartier chic du sud de Séoul, et a répondu «oui» à une question pour savoir si elle a rencontré des «sorcières coréennes», en détaillant qu'elle a donné deux conférences sur des campus universitaires où il y a eu une population d'étudiantes : «Elles sont très impressionantes, très lucides et déterminées contre la misogynie, contre la situation politique actuelle.»

Elle a répondu à une question cherchant à savoir comment les jeunes femmes devaient exprimer leur colère : «Il y a un prix à payer dans la société. […] Il ne faut pas négliger de connaître ses forces et ses limites et de ne pas s'imposer tout le temps dans le combat.» Elle a souligné l'importance du combat contre les inégalités sexuelles tout en restant modéré.

Sung Il-kwon, éditeur du Monde diplomatique version coréenne, a animé l'entretien devant le public et a posé une question sur le mouvement féministe et Chollet a indiqué que «j'étais intransigeante quand j'étais jeune mais j'arrive à une autre position. […] Il faut un prix à payer quand on fait la révolte et il n'y a pas de solution idéale.»

Etant journaliste et écrivaine avec une vision féministe, elle a mis l'accent sur les désavantages que subissent les femmes dans le monde entier. Elle suggère au public de réagir et rester plus actif mais d'une façon modérée. Durant les 2 heures de cette rencontre, l'ambiance était studieuse et la rencontre a vu la présence de passionnés, des femmes dans la majorité mais aussi quelques hommes.

Chollet a également expliqué la situation politique de la France d'une manière générale en faisant remarquer la présence forte de l'extrême droite «très antiféministe» alors que les milieux politiques et les médias sont «très conservateurs», alors quand on vient de gauche ou est féministe, il est devenu difficile de passer à la télévision.

Quant au statut des femmes en France, Chollet a indiqué que le pays dispose d'un système de «garderie publique» pour enfants bien meilleur et «les femmes peuvent avoir une carrière importante, mais ça implique qu'elles sont tout le temps à courir.» Interrogée sur son «rôle modèle», elle a évoqué une Américaine au lieu d'une Française, une féministe confirmée ayant le même métier, Gloria Steinem, toujours en activité et l'auteure de «Ma vie sur la route» (version originale en 2015 et version française en 2019).

Pour une harmonie entre la femme et l'homme, l'écrivaine de «Sorcières» a noté que «la femme ne fait pas plus de sacrifices que l'homme» dans les ménages, sans oublier de dire qu'«on est condamné» à vivre ensemble, ce serait l'idéal d'arriver à s'entendre.

En Corée, ses deux livres ont été traduits en coréen : «Sorcières : La puissance invaincue des femmes» (2021) et «Chez soi : Une odyssée de l'espace domestique» (2019) par deux différentes maisons d'édition locales. Par ailleurs, la journaliste Chollet a confié à l'agence Yonhap qu'elle mettrait fin à sa carrière dans la presse très prochainement afin de se focaliser sur ses activités plus personnelles et plus solitaires, écrire.

Chollet a effectué en Corée du Sud trois rencontres et dédicaces dans des libraires de quartiers sud de la capitale : à Gangnam (vendredi) et à Cheongdam (samedi) ainsi que dans une librairie située dans un quartier étudiants à Mapo (jeudi). Trois conférences devant des étudiants ont été données à l'université féminine Ewha, à l'université Hankuk des études étrangères (HUFS) ainsi qu'au Centre de langue de l'ambassade de France en Corée. Elle quittera le pays lundi prochain pour Tokyo, sa 2e escale en Asie dans le cadre de sa campagne de rencontres.

Propos recueillis par Oh Jeong-hun

(FIN)