A Paris, Bong Joon-ho appelle Netflix à «plus de souplesse» concernant la projection sur grand écran

PARIS/SEOUL, 27 fév. (Yonhap) -- Le réalisateur du célèbre film «Parasite», Bong Joon-ho, lauréat de la Palme d'Or en 2019 et de 4 prix aux Oscars en 2020, s'est rendu à Paris à l'occasion d'une masterclass donnée aux cinéphiles français. Bong, un habitué de Cannes mais qui vient rarement à Paris, est venu dans la capitale française pour présenter la version remaniée en 4K de «The Host» (2006), qui sortira le mois prochain.

Dans un entretien avec le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, tenu au Grand Rex à Paris dimanche dernier, Bong a déclaré que «le grand écran permet de ressentir de vraies sensations cinématographiques. C'est indéniable. Neflix a fait preuve de plus de souplesse après (mon film) "Okja" et certains films sont projetés sur les grands écrans de manière exclusive pendant 4 ou 6 semaines.»

Effectivement, le film «Okja» produit et distribué par Netflix a fait couler beaucoup d'encre suite à son invitation à la 70e édition du Festival de Cannes (2017). A l'époque les professionnels du cinéma français, en particulier la Fédération nationale des cinémas français (FNCF), s'étaient opposés à cette sélection. En 2018, le comité d'organisation a décidé de ne pas inviter les films qui n'ont pas été projetés dans les salles en France, pour ce qui est des catégories de compétition du festival.

Bong a noté que «Neflix a connu divers problèmes concernant les projections dans les salles de cinéma mais en ce qui me concerne, c'est grâce à Neflix j'ai pu réaliser le film donc je les remercie à ce propos».

«The Host» version 4K a été projeté dans la salle accueillant les 2.700 spectateurs venus assister à la masterclass. Le réalisateur a fait remarquer que «le budget pour réaliser du film était assez important pour le cinéma coréen mais n'a rien de comparable avec les budgets des blockbusters en général (dans les autres pays)», «en Corée, les investisseurs disent que c'est trop tandis que les sociétés d'effets spéciaux américains et australiens refusent de travailler avec un tel petit budget. Une situation vraiment particulière. En effet, j'ai fait apparaître le monstre dans 115 séquences. On a voulu pallier le manque de budget par la créativité et par les idées.»

Ce thriller sorti en 2006, qui a enregistré plus de 13 millions d'entrées en Corée du Sud, n'est pas jugé comme un simple film de monstres pour le divertissement car des messages sociaux et politiques sont semés et comportent des connotations comme cela a été le cas avec le film réalisé 13 ans plus tard, «Parasite», qui lui a valu des trophées à Cannes et des Oscars.

A ce propos, Bong a expliqué le point essentiel de son film «The Host» en disant : «Dans ce film, des gens démunis et pauvres n'ont même pas le soutien de l'Etat, de la société et de système de protection. Avec cet aspect, le film est devenu plus dramatique. […] Ainsi, ce film thriller et de monstres a pu surpasser la limite du genre et est devenu en même temps un film d'histoire d'une famille ou de satire politique.»

Il a également détaillé que «je n'ai pas l'œil d'un sociologue bien précis sur la politique, la société et l'économie. […] Alors, souvent je n'arrive pas à comprendre certains aspects des évènements sociaux, et cette incompréhension ou ce manque de connaissances crée un sentiment d'horreur et d'anxiété. J'ai voulu utiliser ce sentiment de peur puisque quand on ne comprend pas la situation (qui se déroule autour de nous), on a de la peur et de l'anxiété. Donc, j'ai pu exprimer en détail ces sentiments d'horreur que j'ai eus sur les évènements sociaux et politiques. Il me semble que c'est grâce à ces sentiments que j'ai pu réaliser ce film (thriller mais bien social et politique)»

La présentation du film «The Host» 4K Remastering Version est la première en France, a confirmé Bong en ajoutant que «le film n'a jamais été reprojeté en Corée du Sud. La France est un royaume de cinéphiles !» La sortie de cette version en haute définition du film «The Host» est prévue pour le 8 mars prochain. Le réalisateur palmé et oscarisé a brièvement mentionné son nouveau film en disant qu'il a juste fini le tournage du nouveau film de science-fiction «Mickey 17», une adaptation du roman éponyme d'Edward Ashton, mais il n'a pas donné plus de détails en expliquant que «je n'ai rien dans ma tête puisque je suis en train de faire le montage.»

jhoh@yna.co.kr

(FIN)