Exposition à Séoul d'œuvres d'art contemporain chinois appartenant au collectionneur suisse Uli Sigg

Exposition d'œuvres d'art contemporain chinois de la collection Sigg. (Photo fournie par la Fondation d'art et de culture Songeun. Revente et archivage interdits)
SEOUL, 10 mars (Yonhap) -- La Fondation d'art et de culture Songeun présente des œuvres de la collection d'art contemporain chinois d'Uli Sigg pour la première fois au public coréen.
Intitulée «Sigg : art contemporain chinois de la collection Sigg», l'exposition constitue la première collection étrangère présentée à Songeun Art Space, nouveau siège de la fondation inauguré en 2021 dans le quartier de Gangnam à Séoul et signé par l'agence d'architecture suisse Herzog & de Meuron. Ce duo a conçu aussi le musée M+ à Hongkong auquel le collectionneur suisse a fait don de 1.463 œuvres en 2012, soit près des deux tiers de sa collection considérée comme la plus complète au monde en ce qui concerne l'art contemporain chinois. Il s'agissait de la plus grande donation d'une collection privée jamais réalisée à un seul musée.
Sigg a d'abord découvert l'empire du Milieu en tant qu'homme d'affaires à la fin des années 70, quand l'art contemporain chinois commençait à peine à éclore et il le trouvait peu intéressant, y voyant surtout du réalisme socialiste et des imitations de l'art moderne européen. Il a fallu attendre des années pour que l'art contemporain chinois «trouve son propre langage» et réveille le désir de ce collectionneur suisse pour le pousser à s'engager dans une voie que personne d'autre n'avait encore explorée.

Uli Sigg. (Photo fournie par la Fondation d'art et de culture Songeun. Revente et archivage interdits)
En 1995, Sigg a été nommé ambassadeur de Suisse en Chine, poste qu'il a occupé pendant quatre ans. Il a également représenté la confédération helvétique en Corée du Nord et Mongolie. C'est alors qu'il s'est mis à acheter des pièces d'art contemporain chinois directement auprès d'artistes pour finalement rassembler une collection de plus de 2.000 pièces.
«Je me suis donné comme mission de bâtir une collection qui miroite la production artistique chinoise», un travail qu'un musée national devait faire mais ne l'a pas fait à l'époque, a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec des journalistes à Séoul jeudi, la veille de l'ouverture de l'exposition. «Le but était de bâtir une collection encyclopédique. Ce n'était pas mon goût personnel.»
Dès le début, le collectionneur avait l'intention de «restituer l'art chinois» à son pays d'origine même s'il n'avait pas d'idée concrète sur le moment, l'endroit et la manière de le réaliser, a-t-il rappelé. Après avoir pris connaissance vers 2010 de nombreux grands projets de construction de musées en Chine, Sigg a décidé de donner une grande partie de sa collection à Hongkong qui lui avait promis une «totale liberté d'opinion» et une «totale liberté d'art».
«J'ai choisi 1.500 œuvres qui formaient le fil conducteur de l'art contemporain chinois qu'aucune autre collection ne pouvait présenter.» Le musée M+ a attiré plus de 2,7 millions de visiteurs depuis son ouverture en novembre 2021 malgré la pandémie de nouveau coronavirus (Covid-19).
Pour le public coréen, le commissaire partenaire de cette exposition, Bernard Fibicher, a soigneusement sélectionné 48 œuvres de 35 artistes chinois, tels que Ai Weiwei, Zeng Fanzhi, Zhu Bing et Han Mengyun, parmi les quelque 600 œuvres qui sont restées dans la collection privée de Sigg après sa donation en 2012 ou qui ont été nouvellement acquises depuis pour montrer à la fois la cohérence et la diversité de cette collection «unique au monde», a expliqué l'ex-directeur du Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne.
Le public coréen a la chance de découvrir le goût personnel du collectionneur suisse car ces œuvres reflétant une grande variété de modes d'expression comme des installations, vidéos, sculptures et peintures sont relativement récentes. «Après le don d'un concept que j'ai qualifié d'encyclopédique, je collectionne aujourd'hui en suivant mes intérêts personnels et mes goûts personnels», a souligné Sigg.
L'exposition à Songeun s'ouvre avec son premier chapitre intitulé «Peinture pure-vers l'abstraction», qui n'a pourtant «rien à voir avec l'abstraction occidentale», a noté Fibicher. «La plupart de ces œuvres sont basées sur les connaissances de l'ensemble de la tradition chinoise mais elles vont généralement à l'encontre de cette tradition dans le but de faire quelque chose de nouveau», a-t-il expliqué.
Des artistes comme Gu Xiao Ping et Xie Molin se sont focalisés sur le procédé d'élaboration du travail au lieu de se concentrer sur l'acte de peindre comme faisaient des peintres traditionnels chinois qui voulaient créer un style personnel à chaque coup de pinceau.
Cette utilisation et cette transformation de la tradition sont également visibles dans le chapitre «Nature-acculturée» qui présente entre autres des peintures de Ji Dachun et Shan Fan, représentant toutes les deux des bambous, thème emblématique dans la peinture traditionnelle chinoise. Dachun a utilisé de l'huile qui ralentit l'ensemble de la procédure alors que les peintres traditionnels exécutaient leurs lignes très rapidement avec de l'encre après avoir pris beaucoup plus de temps pour se préparer l'esprit avant de commencer à peindre.

Chapitre «Corps-la vengeance des femmes» de l'exposition d'art contemporain chinois de la collection Sigg. (Photo fournie par la Fondation d'art et de culture Songeun. Revente et archivage interdits)
Le chapitre «Corps-la vengeance des femmes», consacré à l'art de la performance et à l'art corporel, rassemble des œuvres de la nouvelle génération d'artistes chinoises qui veulent faire avec leur corps des choses que les hommes ne peuvent faire. En particulier, Cao Yu présente une photographie et une vidéo qui ne pourraient pas être exposées dans certains pays asiatiques à cause de la censure. Elles font référence à «Fontaine» (1917), le premier ready-made de Marcel Duchamp, et à «Autoportrait à la fontaine» de Bruce Nauman.
Il y a aussi des œuvres qui sont explicitement politiques comme «The Declaration of the Blind» de Zhu Jiuyang, «Bonsai» de Shen Shaomin ou encore «The Death of Marat» de He Xiangyu. Sigg a estimé que les artistes chinois avaient tendance à adopter des stratégies comme travailler dans l'ombre ou à se tourner vers l'art abstrait pour éviter la répression politique dans le contexte actuel de restrictions féroces en Chine, avec notamment l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur la sécurité nationale à Hongkong.
A travers cette exposition, Sigg a fait part de son souhait de voir le public se souvenir non pas de la collection Sigg mais des artistes chinois. Cette exposition, qui fait partie des événements destinés à célébrer le 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Corée du Sud et la Suisse, se poursuivra jusqu'au 20 mai prochain.

«The Death of Marat» de He Xiangyu exposé à Songeun Art Space, dans le sud de Séoul. (Photo fournie par la Fondation d'art et de culture Songeun. Revente et archivage interdits)
lsr@yna.co.kr
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